Février 2025, la France navigue à vue, sans budget clair, mais déjà des annonces tranchées. Ce naufrage budgétaire entraîne dans son sillage les collectivités locales, sommées de faire des économies drastiques.
 
La Région Auvergne-Rhône-Alpes se désengage de l’Économie Sociale et Solidaire (-1.7 millions d’euros). Le département, n’ayant pas la main sur l’évolution de ses recettes, revoit ses priorités autour des missions relevant de ses domaines de compétences. Cette situation laisse les communes seules face à la tempête, autant dire que le soutien aux structures de l’ESS passe tout en bas de la liste des préoccupations.
 
Résultat ? Tout un secteur d’activité économique en péril, des structures en grande fragilité, des expertises balayées d’un revers de main, des emplois menacés en territoires ruraux et urbains et sur les champs d’action sur lesquels l’économie traditionnelle ne va pas... Mais aussi, un recul brutal des solidarités locales et des services d’intérêt général.
Derrière chaque budget amputé, ce sont des personnes en difficulté, des familles précaires, des territoires oubliés qui en paient le prix fort.
 
Depuis des années, les structures de l’ESS et les associations en premier lieu, absorbent les chocs des restrictions budgétaires successives. À chaque crise, elles tiennent bon, comblent les lacunes des services publics, inventent des solutions, luttent concrètement contre le dérèglement climatique et ses conséquences, soutiennent celles et ceux que l’État laisse sur le bas-côté. Mais aujourd’hui, elles sont prises au piège. Faute de financements, elles risquent de perdre leur raison d’être et de devenir de simples sous-traitantes des collectivités. L’évolution est insidieuse : ce qui relevait du « service aux publics » glisse progressivement vers un « service public » externalisé, piloté par les collectivités selon leurs seules priorités et contraintes budgétaires. Autrement dit, les libertés associatives sont en danger. Si ces structures doivent se plier aux injonctions locales pour espérer un financement, elles perdront leur indépendance, leur rôle de contre-pouvoir et leur capacité d’innovation sociale.
 
Bien au-delà des problématiques de financements et de survie des associations, c’est la vision et la défense d’un modèle de société qui interrogent… Un raz-de-marée s’abat sur les 10 bougies encore fumantes de la loi ESS !
 
Face à cette situation, la Ville de Bourg-en-Bresse a fait un choix clair : maintenir son soutien à l’ensemble de associations burgiennes en 2025. C’est un engagement fort. Nous voulons voir dans cet acte politique, à l’approche des élections, une reconnaissance du rôle fondamental que les acteurs de l’ESS jouent dans la cohésion du territoire. Parce que soutenir les associations, c’est refuser un modèle où seules les logiques comptables dictent l’avenir de la solidarité. C’est défendre une société où l’entraide, l’initiative et l’engagement citoyen ne sont pas des variables d’ajustement, mais des piliers essentiels.

Isabelle PANZICA
Directrice Adjointe de l’AGLCA